Did you know? You snatched my heart.

Date d'inscription : 18/09/2010

Ce matin là, en se réveillant, Hyun Suk eu comme un pressentiment. Malgré le fait qu’il ne se souvienne jamais de ses rêves et que cette nuit là n’ai pas fait exception à la règle, il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir un pincement au cœur douloureux mêlé à de la mélancolie. Pourquoi ? Il n’en avait pas la moindre idée. Et c’était bien là ce qui le dérangeait. Quelque chose qu’il serait incapable d’expliquer lui disait que ce sentiment ne disparaitrait pas au bout de quelques minutes et qu’il allait sans doute devoir le supporter toute la journée. Une chose dont il n’avait pas spécialement envie. C’est donc en poussant un faible soupire qu’il finit par ouvrir les yeux et sortir de son lit, son regard se perdant dans la vaste étendue sombre que lui offrait sa chambre de si bon matin.
S’il y a bien une chose à laquelle le jeune homme n’était plus habitué depuis longtemps, c’était de devoir se lever tôt. Avec son travail, Hyun Suk avait la chance d’arranger ses horaires comme il le voulait, et ce dernier avait finit par vivre une bonne partie de la nuit au détriment des premières heures de la journée. Beaucoup de ses coéquipiers râlaient à cause de cette façon de vivre, mais le jeune cinéaste les ignorait toujours, eux et leurs plaintes. Alors oui, il se souviendra sans doute toujours de ce premier jour. Ce jour où il est revenu dans le passé sans en connaître la raison. Il avait été réveillé par un fracas assourdissant, sans doute pire qu’un coup de tonnerre qui se serait abattu à quelques mètres de lui. Un vacarme fait de coups métalliques. Dans un sursaut Hyun Suk avait ouvert les yeux pour se retrouver face à sa mère qui semblait bien plus jeune et prenait un malin plaisir à frapper une casserole avec sa cuiller en bois. « Réveille-toi Hyun Suk ! Tu vas être en retard pour tes cours ! ». Avait-elle ensuite crié joyeusement avant de ressortir en claquant la porte. Inutile de préciser que cette première journée avait été catastrophique et troublante pour lui, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il n’était pas le seul à avoir vécut ce changement. Se dire que tous les étudiants de Min Bae vivaient la même chose que lui le rassurait.

En tout cas, depuis quelques semaines, il veillait désormais à ne plus se lever en retard, ne désirant aucunement revivre un réveil comme celui là. Et tandis qu’il ouvrait les volets de sa chambre et inspirait profondément l’air frais qui venait caresser son visage, il se demanda s’il allait rester longtemps ainsi, dans son corps de jeune étudiant.
Il passa sa matinée plongé dans ses pensées, comme celui lui arrive souvent. La tête dans les nuages, il ne s’aperçu même pas en prenant son petit déjeuner qu’il avait ajouté du sel et non du sucre dans ses céréales, jusqu’à ce qu’il porte la première cuiller à ses lèvres et recrache immédiatement le contenu. Quelque chose le tracassait, en plus de ce fichu pincement au cœur. S’il s’était retourné dix ans auparavant et qu’il allait devoir les revivre à nouveau, peut être… peut être qu’il pourrait essayer de changer certaines choses ? Ce serait une chance incroyable ! Mais le seul problème, c’est que Hyun Suk n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait arranger dans sa vie. Il lui ait arrivé de faire des erreurs bien sûr, mais il ne les regrettait pas. Sa vie de trentenaire lui convenait parfaitement comme elle était. Il en était venu à cette conclusion en sortant de son dernier cours du matin, après s’être pris le pied dans la corbeille à papiers, alors que les autres étudiants étaient déjà sortis depuis quelques minutes.
Pensant être seul dans les couloirs, Hyun Suk enfoui ses mains dans ses poches et chanta à voix basse une chanson de cette époque qu’il avait entendu ce matin sur son trajet jusqu’à ce qu’il aperçoive quelque chose, ou plutôt quelqu’un au détour du couloir. Le regard alors porté vers le sol, il redressa lentement la tête et son cœur manqua un battement lorsqu’il aperçu le visage qui lui faisait face.

« Yoo Sung… »

Le nom du jeune homme s’échappa de ses lèvres tandis qu’il serrait les poings, instinctivement. Le sentiment qu’il avait ressentit ce matin là s’intensifia, créant un mélange entre la tristesse, la colère et l’incompréhension chez le brun. Et son visage qui jusque là était inexpressif changea radicalement. Alors qu’il gardait les bras les long du corps, Hyun Suk se demandait quelle réaction conviendrait le mieux en cet instant. D’un côté, il avait terriblement envie de prendre Yoo Sung dans ses bras, heureux d’avoir enfin retrouvé son meilleur ami. Mais d’un autre, il se retenait de lui lancer son poing au visage, pour qu’il comprenne à quel point sa disparition l’avait blessé. Qu’il souffre un peu, à son tour. Réaction puérile et égoïste, certes, mais tellement humaine.
Incapable de choisir, il se contenta de rester immobile, ses yeux brillants de larmes qui ne demandaient qu’à sortir fixés sur le jeune homme. Et finalement, il obtint la réponse à la question qui l’avait torturé toute la matinée. S’il pouvait changer ou faire quoi que ce soit, que ferait-il ? La réponse lui paraissait tellement évidente désormais. Hyun Suk voulait retrouver son meilleur ami, et surtout savoir ce qui lui était arrivé.

« Pourquoi as-tu disparu du jour au lendemain ? »

S'il paraissait calme en apparence, intérieurement ce n'était pas le cas. Un joli chaos se formait dans la tête du brun, sans qu'il ne puisse y mettre un peu d'ordre.

Date d'inscription : 04/02/2011

Pour la troisième fois depuis de nombreuses années, Yoo Sung s’éveilla lentement dans son lit d’étudiant, c’est-à-dire chez sa mère. Il n’était toujours pas habituée à l’entendre claironner dans le salon en préparant le petit-déjeuner, mais pourtant, il n’était finalement pas mécontent d’être là. Même si apparemment il était bien parti pour recommencer les dix dernières années de sa vie, ce qui risquait d’être fort longuet, il se sentait finalement bien seul à son appartement au cœur de la capitale, et ce n’était qu’en côtoyant à nouveau sa génitrice qu’il s’en rendait compte. Puisqu’il devait refaire sa vie, il songerait à prendre un appartement en colocation avec quelqu’un de confiance, cette fois, au lieu de moisir tout seul. Quoique, le tempérament de l’autre risquerait fort de le déconcentrer pendant son travail, et puis ce dernier n’arriverait sans doute pas à tenir le rythme de Yoo Sung. En effet, il mangeait à n’importe quelle heure, ne se couchait pas tant que la motivation et l’inspiration n’étaient pas parties de sa plume, il se levait tard s’il s’était couché tard la veille … Il avait un rythme de vie relativement particulier, et il souhaitait d’avance un grand courage à celui ou celle qui devrait le supporter au quotidien. Imaginez, le jour où se marie, ce que devra endurer sa compagne …

Yoo Sung descendit les escaliers d’un pas traînant, signe qu’il n’était pas bien réveillé. Après des années à vivre à son profit, retourner à la fac était particulièrement éreintant et c’était à contrecœur qu’il se levait tous les matins. Car au final, ce n’étaient pas spécialement ses études en Littérature qui le feraient percer dans sa carrière. Mais bon, l’ancien Yoo Sung, enfin celui qu’il avait été il y a dix ans de cela avait mené ses études à leur terme, pour satisfaire sa mère. Alors ce n’était pas le moment de la décevoir, s’il en avait eu la volonté dix ans plus tôt il l’aurait encore aujourd’hui.
Il salua sa mère et s’installa à table. Il espérait qu’elle ne soit pas trop bavarde ce matin car il n’était pas d’humeur à alimenter une conversation.
Soupirant, il engloutit son déjeuner à vitesse grand V, et retourna dans sa chambre se préparer, prétextant qu’il serait en retard s’il ne se dépêchait pas pour couper court à tout début de conversation.
Yoo Sung jeta un œil à son réveil et constata qu’il avait le temps de prendre une douche, le seul véritable moyen de le réveiller le matin. Autant vous dire que lorsqu’il n’entendait pas son réveil et avait juste le temps d’enfiler ses vêtements, il était bougon toute la journée.
Une fois sa douche prise, il s’habilla rapidement d’un T-shirt bariolé et avec des motifs en tout genre et d’un jean tout simple, surmonté d’une ceinture parce qu’en général ses jeans étaient trop grands pour sa taille toute fine.

Le voilà désormais sur le chemin de la fac, les mains dans les poches et les écouteurs dans les oreilles. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas écouté ces vieux morceaux. En dix ans, il en avait découvert d’autres, et cela lui faisait bizarre de retrouver sa vieille playlist sur son iPod. Soupirant, il regardait d’un air absent les gens autour de lui. Parfois, il reconnaissait des visages familiers, mais ils avaient rajeuni de dix années. C’était vraiment étrange, ce brusque saut dans le passé …
A force de réfléchir, il finit par arriver à destination. Cette université … Combien de fois encore franchirait-il ce portail ? Sans répondre, il avança et pénétra dans l’enceinte de l’établissement.
Sa matinée fut remplie par ses cours. Seulement, il n’écoutait que d’une oreille, préoccupé par tout ce qui lui arrivait depuis trois jours. Il y avait eu ce réveil surprenant dans sa chambre d’étudiant, ce type à la librairie, et d’autres événements loufoques.
C’était la fin des cours. Yoo Sung sortit précipitamment de l’amphithéâtre où il venait de passer trois heures. Pensant vraiment qu’il était enfin arrivé au bout de ses surprises, il emprunta un couloir étrangement vide. La tête baissée, il n’avait pas vu qu’un autre étudiant s’avançait dans sa direction, en chantonnant. Il n’entendit pas quand ce dernier prononça son prénom, perdu dans ses pensées. Ce qu’il entendit, c’est l’autre phrase prononcée par l’étudiant, dite plus haut et fort. La voix lui était terriblement familière, il aurait pu la reconnaître entre mille. Tout son corps fut parcouru d’un désagréable frisson, et il se sentait tellement paralysé qu’il n’osait même pas lever la tête pour faire face à son ancien meilleur ami Hyun Suk. Ses paroles eurent l’effet d’une douche froide sur Yoo Sung, et il daigna enfin croiser le regard du coréen.

Il avait complètement oublié que s’il était retourné dans le passé, c’était l’époque où il fréquentait encore innocemment Hyun Suk. Sans doute qu’à cette époque, il ne s’était pas encore rendu compte des sentiments qu’il éprouvait –et éprouve toujours- pour son ami. Mais alors, pourquoi parlait-il de disparition ? A l’époque de la fac, ils avaient toujours été si proches, pour ainsi dire inséparables … Il ne comprenait pas vraiment la signification de ces paroles blessantes, bien que son cœur tambourine très fort dans sa poitrine. Les sentiments très forts qu’éprouvait Yoo Sung pour Hyun Suk étaient toujours bien présents, et se transformaient actuellement en douleur. En effet, dix ans plus tôt, dès le moment où il avait pris conscience que ce qu’il éprouvait pour son camarade n’était pas que de l’amitié, il avait pris la fuite. Il refusait de perdre Hyun Suk pour ce genre d’aberration, et il avait préféré l’éloigner pour le protéger de ces sentiments. Et voilà qu’aujourd’hui, il se retrouvait face à lui, comme si rien ne s’était passé. Sauf que lui avait dans sa tête dix ans de souvenirs, et la douleur dans sa poitrine grandissait à une vitesse incroyable. Comment pouvait-il faire bonne figure devant Hyun Suk, avec ce qu’il ressentait pour lui ? Et pourquoi ce dernier parlait-il de disparition ? Ils ne s’étaient pourtant jamais quittés en 2010 …

« Je … Je ne comprends pas ta question. »

Il n’avait pas été capable de dire quoi que ce soit d’autre. Dans sa tête, il n’avait plus revu Hyun Suk depuis des années, mais à cette époque, ils se voyaient tous les jours, alors il ne pouvait pas se permettre de lui dire « ça faisait longtemps », même si l’autre aurait confirmé. Il ne savait ni que dire, ni que faire, face au reg ard lourd de reproches que lui lançait le coréen.